Pierre Mengus (1898-1976) a consacré presque toute sa vie aux Glacières de Strasbourg. Il raconte avec humour son premier contact avec l'usine, lors d'une visite en voisin (il est né place des Moulins) faite à l'âge de deux ans : visite suivie d'un essai personnel de production de glace naturelle. Il projettera plus tard de travailler en Artique au terme de ses études. D'esprit curieux et chercheur dans l'âme, il est ingénieur diplômé à la fois de l'Institut d'agronomie de Nancy et de l'Institut de physique du globe de Strasbourg.

De 1923 à 1955 Pierre Mengus partage la gérance avec le fils du précédent gérant, Edgar Lambs. Ce dernier ne semble pas s'être illustré par son ardeur au travail. Il démissione en 1955 mais bien avant Pierre Mengus assumait l'essentiel des responsabilités des directions techniques et commerciales.

D'après les témoignages de sa famille, Pierre Mengus a, en toutes circonstances, payé de sa personne : rarement plus de quinze jours de vacances annuelles, passées le plus souvent à la montagne et après la Foire de Septembre. Homme discret, efficace, juste, répugnant aux éclats, ferme dans ses décisions. Il apprécie la musique, pratique la photographie. Son grand plaisir reste la montagne qu'il parcourt régulièrement en compagnie de ses deux fils, Marc et Bernard.

La famille Mengus travaille depuis plusieurs générations dans les entreprises du quartier. Le père de Pierre, François Mengus (1866-1957) était fils d'épicier en gros ; son entrepôt était 124 Grand Rue à Strasbourg. François y a assuré, entre autre, les livraisons dans les villages. Cet épicier en gros, Laurent, avait épousé Marie Schaal, de la chocolaterie SCHAAL (sise dans la Petite france jusque dans les années 1970). Neveu des propriétaires, François sera nommé co-gérant des chocolateries Schaal de 1896 à 1922 en attendant que ses cousins soient en âge de prendre le relais. Aux Glacières de Strasbourg François Mengus est très présent : membre fondateur en 1897, membre du conseil de surveillance en 1918 et président de 1936 à 1957. C'est - presque - une histoire de famille.